Interview

Interview PausArt - Lucile Callegari

  • La première relation avec l’art

Les premiers pas dans l’art en disent souvent long sur le choix de l’artiste à se professionnaliser et à se consacrer à l’art. Comment votre appétence pour l’art s’est-elle déclarée ? Avez-vous grandi dans un milieu artistique ? Avez-vous fait des études d’art ? Y-a-t-il eu une personne spécifique qui a été un déclic pour vous ? Quelles formes d’art vous attiraient ?

Le domaine de l’art est apparu pour moi très tôt, avec un papa peintre à ses heures perdues et une maman férue d’histoire, de visites de musées et de voyage. J’ai grandit dans un environnement intellectuel et artistique riche,
mais la création et la professionnalisation en suivant n’est venue que tardivement, à 35 ans à la suite d’un choc émotionnel.
C’est donc en dilettante et passionnée que j’ai développé et enrichis mon goût pour l’art en général.
Les études supérieures m’ont offertes une connaissance poussée de la théorie, à savoir l’étude de l’histoire de l’art et de l’archéologie à l’université de Bordeaux 3 pendant plusieurs années.
La renaissance italienne et l’époque contemporaine ont été mes sujets favoris.
Toujours des connaissances, beaucoup de visites d’expo et de découvertes par le voyage, mais pas de création à proprement dite.
Le déclic s’est produit à 35 ans donc à la suite d’un événement brutal dans ma vie…partie trop tôt, ELLE est le déclencheur de cette puissance créatrice et de résilience qui m’amènera à une production intense et intensive.
Par ailleurs, mon ami peintre Elmoez Meherzi a été mon guide les premiers mois et certainement que sans lui je n’aurais pas pu extérioriser de cette manière.
 

  • Le choix de la peinture

Parmi toutes les formes d’art, c’est la peinture qui a retenu votre attention, comment en êtes vous arrivée à choisir la peinture ? Pourquoi cette forme d’art plutôt qu’une autre ? Et pourquoi vous lancer professionnellement dans la peinture ? Est-ce que ça a toujours été votre volonté ? Est-ce que ce fut
difficile ?

La peinture s’est imposée à moi de manière spontanée. Le choix du portrait féminin également.
Mes débuts dans la peinture ont été uniquement un moyen d’expression d’une rage, une violence et une profonde tristesse à sortir de moi. Ce n’est qu’au terme d’une année, une belle production d’œuvres de formats moyens et d’expositions dans ma région, que le choix d’en faire mon métier s’est déterminé. Mes premières ventes également évidement.
Avec la force et la détermination qui étaient en moi, je ne me suis pas posée de questions des diverses difficultés. Ce n’était qu’évidence de vie à ce moment là.

  • Le sujet du portrait féminin

Vous avez décidé de vous consacrer au portrait féminin, est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi et ce que cela représente pour vous ? 
Vous traitez ce sujet depuis plusieurs années : vous inspirez-vous de personnes réelles, que vous avez rencontrées, ou sont-elles imaginaires ? 
Comment décririez-vous la femme ? ou les femmes, car il est difficile de résumer autant de personnes en une seule catégorie. Trouvez-vous en elles, quelque chose de « plus », de spécifique ? 
 

Le choix unique du portrait féminin a été immédiat, évident. En lien avec ce que j’avais vécu.
Travail sur l’humain avec l’infinité de possibilités de traitement esthétique et émotionnel qu’il m’offre.
Rien n’est défini à l’avance et ce processus de création révèle mon inconscient ainsi matérialisé. Ces femmes sont le reflet de moi-même, leur regard est le reflet de mon âme.
Le visage prend forme avec rapidité et énergie.
Le modèle disparaît dés les premières touches ; le réel est modifié et ne devient que mise en scène, prétexte à la confrontation d’un face à face.
Témoignage d’une réalité perdue, transcendée par la multiplication et la variation infinie de l’image féminine, ainsi devenue universelle et intemporelle ; pluralité des modèles pour ne faire qu’un.
C’est bien ma nature profonde et intime qui transparaît dans mes œuvres.
C’est alors que l’œil extérieur et subjectif du spectateur peut imaginer l’histoire, sa propre histoire car l’art du portrait n’est qu’une histoire de rencontre.

  • L’art comme moyen de développement personnel

L’art est souvent considéré comme un moyen de développement personnel, autant pour l’artiste que pour le spectateur, êtes-vous de cet avis ? 
 
Oui bien évidemment, pour la pratique mais aussi pour celui qui reçoit.
Je projette beaucoup au sens propre et figuré sur la toile. Acte libérateur pour moi-même et pour le spectateur.
L’art dénoue beaucoup de chose en nous, éclaire notre Moi et ouvre le cœur.

  • L’art comme médium

L’art est avant tout un moyen de communiquer, de transmettre des messages, des émotions. Que cherchez-vous à transmettre à travers votre peinture ? Quand vous vous mettez à peindre, avez-vous un message clair à faire passer ?

Transmettre l’émotion…pas une émotion en particulier mais celle qui sera reçut par le spectateur et qui sera propre à lui.
Il y a ce que je projette et met dans les portraits que je réalise à l’instant T, et il y a ce que vous recevez.
Mon histoire importe peu…c’est vous qui allait ensuite vivre avec au quotidien.
Donc aucune intention particulière.
Je réalise ces visages de manière spontanée, même si je pars d’un visage qui existe et qui a été choisis pour une raison posturale et esthétique. La mise en peinture et surtout l’imagination et le travail de l’inconscient font tout le
reste. Magie de la création.
Eloge de la femme, dans tous ses paradoxes.

  • Votre collaboration Schizophrenia avec Elmoez Meherzi

J’ai personnellement trouvé cette collaboration très intéressante. En plus d’être une rencontre entre deux styles de peinture, elle est une rencontre entre deux visions. Je pense que tous les spectateurs ont leur hypothèse sur le « pourquoi » de cette collaboration, je voudrais donc vous demander quel était votre but avec cette collaboration et quels messages/émotions vous cherchez à véhiculer avec cette série de tableaux ? (en espérant que ça confirme mon hypothèse haha)

Cette collaboration a vu le jour de façon tout à fait improbable il y a 3 ou 4 années.
Elle s’est faite à partir d’une conversation entre nous 2 sur nos différents styles picturaux et nos intentions de force au moment de la création de nos visages féminins. Elmoez Meherzi m’avait donné quelques cours au tout début et ses sujets étaient pour lui très variés contrairement à moi (Scènes de vie, modèles vivants…). C’est sur son travail sur le portrait féminin qui nous a fait émerger cette idée de collaboration. Un montage photo d’une moitié de visage pour chacun a fait surgir l’idée de la Schizophrénia.
Nous avons ainsi décidé que je réaliserai le dessin entier du visage du modèle choisi et que je commencerai ainsi ma moitié et lui s’adapterait et terminerait l’œuvre.
Les premières de la série ont matché aussitôt….et succès pour nous immédiat de la part du public.
Aujourd’hui beaucoup attendent impatiemment les nouveautés et les commandes se multiplient.
Nous sommes ravis à tous les niveaux !
Ses visages se trouvent à renvoyer encore plus de force et déstabilisent le spectateur, de manière trop violente pour certain ou très forte en bouleversement pour d’autres…en fonction du ressenti, de la sensibilité et de
l’histoire de chacun.
Donc pas de but précis, juste bousculer, déstabiliser par ce jeu de miroir.
Dans tous les cas, nous aimons l’effet qu’elles produisent.

  • Vos objectifs/envies futurs

Quoi de mieux pour conclure, que d’entrouvrir sur le futur ? Votre prochain petit bonheur ne semble pas sonner la fin de votre art, au vu des différentes expositions que vous avez prévu, quels sont donc vos prochains objectifs (personnels et professionnels) ? 
 Quelle relation voudriez-vous établir avec vos spectateurs ? Y-a-t-il des retours de vos spectateurs qui vous ont marqués, touchés ?
Pensez-vous que le lieu d’exposition ait une importance dans la médiation artistique ? Avez-vous des lieux de prédilections ? (lieux insolites, galeries locales, etc)

Nouveau grand bonheur par une petite vie qui éclot et vient illuminer ma vie, mon futur entrevoit la lumière d’une blessure profonde qui sera là à jamais mais qui me guide chaque jour et pour toujours. Nouvelle petite fleur qui
sera la physiquement avec moi et les 2 dans mon cœur.
Je vois l’avenir de mes portraits plus ouvert, plus intense, plus amoureux, plus harmonieux….ils évoluent avec moi, véritable reflet de mon Moi.
Toujours des expositions et salons d’art contemporain prévus pour les années à venir, ainsi que le suivi avec mes galeristes avec qui j’entretiens un vrai échange, voire une vraie amitié…je ne suis pas rat d’atelier ; j’ai besoin de
contact avec ceux qui me suivent, les collectionneurs, les visiteurs, mes galeristes, ainsi que les artistes que je retrouve lors des RDV de salons d’art.
Pas d’objectifs particuliers, j’ai confiance en la vie et ce qu’elle peut offrir…les portes s’ouvrent, les nouvelles rencontrent artistiques et amicales me font avancer et m’apportent joie et bonheur d’échanges toujours riches en
émotion.

Portrait Lucile Callegari - Artiste peintre